La France développe des ballons stratosphériques pour un possible nouveau théâtre de tensions
L’industrie aéronautique française est à la pointe du développement de ballons et dirigeables stratosphériques, conçus pour opérer dans l’espace proche, une zone de plus en plus stratégique entre l’atmosphère terrestre et l’orbite spatiale. Cette initiative répond à une concurrence internationale croissante et à la nécessité pour la France de marquer sa présence dans ce “no man’s land” potentiel de tensions futures.

Face à l’intensification de la concurrence mondiale dans ce que l’on appelle “l’espace proche” (near space), les entreprises françaises comme Thales Alenia Space avec son projet Stratobus et Hemeria avec le ballon Balman, développent activement des technologies de ballons et dirigeables stratosphériques. Ces engins sont conçus pour opérer dans la zone située entre 20 et 100 kilomètres d’altitude, un espace jusqu’alors peu exploité mais qui pourrait devenir un nouveau théâtre de tensions géopolitiques, comme l’a illustré l’incident du ballon espion chinois abattu par les États-Unis en 2023.
Capacités et applications des ballons stratosphériques
Le dirigeable Stratobus, d’une longueur de 142 mètres, est envisagé pour des missions de rétablissement des communications après une catastrophe ou pour la surveillance de zones d’intérêt soudain, comme lors d’une prise d’otages. Thales Alenia Space prévoit des modèles d’essai opérationnels d’ici 2031.
Le ballon Balman d’Hemeria, plus petit, est conçu pour une mise en œuvre rapide, potentiellement en quelques heures, et une capacité de manœuvre en exploitant les courants atmosphériques. Des opérations limitées sont attendues dès 2027. Ces systèmes sont perçus comme un complément aux satellites, offrant une capacité de stationnement prolongé sur de longues distances.
Une nouvelle doctrine militaire et un cadre juridique incertain
En juin, la France a présenté une nouvelle stratégie militaire visant à permettre à ses forces armées d’opérer et d’intercepter des adversaires dans cette zone de très haute altitude. Des démonstrations d’interception de ballons volant à plus de 20 km d’altitude ont d’ailleurs été réalisées. Cependant, ces technologies évoluent dans une zone grise juridique. Alors que l’espace aérien national est clairement défini par la souveraineté des États depuis le début du XXe siècle, et que l’espace extra-atmosphérique est régi par le traité de 1967 autorisant son exploration libre par tous, la frontière entre les deux reste floue et peu réglementée, ouvrant la voie à de potentielles frictions.